Rémy Heitz durcit le ton contre les motards
Rémy Heitz a durci le ton lors de la dernière Réunion Annuelle des M. et Mmes Moto Ministère de l’Equipement - DSCR à l'encontre des motards.
Il a entamé son discours avec des chiffres, rappelant qu'avec 1% du trafic, les motards représentent par contre 14% des tués. Il a insisté sur le caractère spécifique du motard français, avec une accidentologie bien supérieure à tous les autres pays europeéns et dans de larges proportions.
Partant du constat simple que les motards représentent aujourd'hui les 2/3 des tués de la route, contre 1/3 il y a cinq ans (dans le département 92 cité en tout cas), l'année 2005 sera donc centrée sur le risque deux roues et notamment sur les jeunes mais pas uniquement.
Car pour lui, il y a un problème majeur de comportement du motard et un sentiment d’impunité de ce dernier. C'est ce comportement la cause principale du nombre de tués. Il cite alors les chiffres issus des dispositif de contrôle automatisés : 80.000 motocyclistes en excès de vitesse mais seulement 5.000 contravention envoyées à leur domicile. Le risque quasi inexistant pour les motards renforce donc ce sentiment d'impunité.
Il a pointé la FFMC du doigt et insisté : "nous avons quelques difficultés de relation avec cette organisation qu’est la FFMC".
Par contre, il a reconnu avoir conscience que « les motards sont les oubliés de la sécurité routière » et de proposer : ""Nous devons faire notre propre petite révolution interne, pour beaucoup mieux intégrer à l’administration centrale, le risque des deux roues motorisés".
Quant à la question des feux de jour, il a enfoncé le clou une nouvelle fois sur leur utilité, se servant même d'une citation d'un motard dans la presse déclarant que c'était bien.
Au final, il ressort surtout de son discours plusieurs orientations qui risquent d'être des décisions à court et moyen terme :
- un accès plus progressif aux deux roues motorisés (réfection du permis gros cube pas qui ne serait plus accessible avant 27 ans et avant limité à 50 cv),
- une lutte plus importante et efficace contre le débridage avec notamment des opérations destruction massive et publique de cyclos débridés,
- des plaques d'immatriculation à l'avant,
- un contrôle technique,
- la révision de l'accès au 125cm3 avec l'équivalence permis B, avec une formation initiale,
- une révision des Relais Calmos, pour une aide centrée sur la sécurité et non plus une simple pause pour les motards,
- une modification des feux des motos afin de permettre une différenciation entre autos et motos (couleur?).
Il faut tout d'abord saluer la prise de conscience du gouvernement sur le risque spécifique des deux-roues. Il faut saluer également le mot "formation" qui semble commencer à faire partie du vocabulaire. On peut difficilement critiquer la volonté de lutter contre le débridage, et à fortiori, en ce qui concerne les cyclos qui frisent les 100 km/h parfois.
On peut par contre s'inquiéter des véléités envers les Relais Calmos. Sous le prétexte que ces relais ne soient que pour la sécurité, ils risquent de diminuer : ce qui a déjà été le cas l'année dernière au demeurant, alors qu'une pause est en soi un élément de sécurité.
On peut également avoir peur des plaques d'immatriculation à l'avant; non pas à cause des radars, mais pour le danger qu'une plaque à l'avant peut représenter en tant que hachoir "à viande".
On peut craindre que le contrôle technique moto ne soit pas une réponse adaptée à l'accidentologie motarde, en sachant que les révisions sont très proches (tous les 6.000-10.000 km max.) et que les motards savent généralement mieux comment tourne leur moto que les automobilistes leur voiture. Les statistiques relèguent en arrière plan l'état du parc moto. Par contre, la capacité d'un motard à utiliser sa moto est un vrai problème, face à une formation insuffisante à l'heure actuelle.
On ne peut que regretter l'absence de dialogue désormais entre le gouvernement et la FFMC; la Fédération étant l'une des rares organisations à représenter le monde motard.